Les techniques d’exposition font partie des outils utilisés en thérapie cognitivo-comportementale (TCC), en particulier pour la prise en charge des problématiques anxieuses. Ces techniques sont issues des travaux en psychologie expérimentale sur le conditionnement (ex : l’expérience du Petit Albert). Les études portant sur l’acquisition et l’extinction de la peur révèlent que la fuite face à l’objet redouté va dans un premier temps diminuer le niveau d’anxiété, mais va renforcer la peur et les comportements d’évitement sur le long terme, ce qui conduira au maintien et à l’aggravation des symptômes phobiques. L’exposition vise à contrer ce cercle vicieux, en dissociant le stimulus phobogène de la réaction anxieuse.
Les différentes formes d’exposition
L’exposition in vivo consiste à amener le sujet à entrer en contact direct avec le stimulus phobogène. Les expositions sont réalisées de façon progressive, allant de la situation la moins anxiogène à celle considérée comme habituellement « insoutenable » par le sujet (exposition dite progressive). L’objectif est ainsi d’amener à une habituation puis à une extinction de la réaction phobique, ce qui permettra au sujet de dissocier la situation redoutée des réactions de peur et d’anxiété. Les études portant sur l’exposition in vivo dans le traitement de la phobie de type animal, la phobie des hauteurs, et la claustrophobie ont confirmé le maintien des bénéfices thérapeutiques au delà d’un an (Choy et al., 2007).
L’exposition en imagination vise à amener le patient à s’imaginer face au stimulus phobogène (à travers une visualisation active de l’objet ou de la situation). Cependant, les études sur le sujet restent peu nombreuses et fragiles sur le plan méthodologique : absence de groupe contrôle, échantillon de faible taille, etc. (Choy et al., 2007). L’exposition en imagination reste néanmoins un outil indispensable dans les protocoles d’exposition progressive, celle-ci pouvant servir de première étape avant la conduite d’expositions in vivo.
L’exposition en réalité virtuelle consiste à générer, à l’aide d’un programme informatique, un environnement virtuel afin de simuler une confrontation à l’objet ou à la situation phobique. Afin d’immerger le sujet dans l’exercice d’exposition, celui-ci peut être équipé d’écouteurs, de lunettes-vidéo, de capteurs afin de tenir compte des mouvements, et éventuellement d’un siège dynamique et de manettes de contrôle. L’exposition en réalité virtuelle s’est révélée efficace dans le traitement de l’arachnophobie, de la claustrophobie, de l’aérophobie, et de la phobie des hauteurs (Powers & Emmelkamp, 2008). Quelques images…
L’exposition intéroceptive, consiste à s’exposer à ses propres sensations physiques (tremblements, vertiges, tachycardie, hyperventilation, etc.). Bien qu’étant habituellement étudiée dans le traitement du trouble panique, cette forme d’exposition a fait l’objet d’une étude dans le traitement de la claustrophobie. Booth et Rachman (1992) ont en effet pu montrer que l’exposition intéroceptive était efficace dans la réduction de l’anxiété, des distorsions cognitives, et des sensations physiques provoquées par la situation anxiogène.
Conclusion
Les résultats de nombreuses études ont pu confirmer l’efficacité des différentes formes d’exposition dans le traitement des phobies spécifiques et de l’anxiété sociale.
Sources :
- Booth, R., & Rachman, S. (1992). The reduction of claustrophobia-I. Behaviour Research and Therapy, 30, 207-221.
- Choy, Y., Fyer, A. J., & Lipsitz, J. D. (2007). Treatment of specific phobia in adults. Clinical Psychology Review, 27, 266-286.
- Powers, M. B., & Emmelkamp, P. (2008). Virtual reality exposure therapy for anxiety disorders: A meta-analysis. Journal of Anxiety Disorders, 22, 561-569.
- Wolpe, J. (1973). The practice of behavior therapy. New York: Pergamon Press Inc.