Qu’est-ce que la phobie spécifique ?
S’il nous arrive tous d’avoir peur de certaines situations, la peur ressentie par une personne phobique se caractérise par son intensité bien plus importante. En effet, celle-ci peut être déclenchée simplement en imaginant être confronté à l’objet ou à la situation redoutée. Cependant, une phobie ne se distingue pas seulement d’une simple peur par l’intensité de celle-ci, mais aussi par son caractère irrationnel vis-à-vis d’un objet ne représentant pas de danger réel. Dans certaines situations, la phobie peut devenir invalidante dans la conduite de certaines activités (professionnelles par exemple), ce qui conduit le plus souvent la personne à consulter. Avec une prévalence au cours de la vie de plus de 12% au sein de la population générale, la phobie spécifique se place comme l’un des trouble anxieux les plus commun (Kesslet, Berglung, & Demler, 2005). Celle-ci se caractérise par une peur intense et persistante d’un objet ou d’une situation précise, ce qui va plus ou moins affecter les activités habituelles du sujet. L’objet ou la situation qui déclenche la phobie est généralement appelé « stimulus phobogène ». Pour distinguer la phobie d’une simple peur, plusieurs critères doivent être réunis (DSM-IV R; American Psychological Association, 2008) :
- Une peur persistante et intense déclenchée par la présence ou l’anticipation d’un stimulus phobogène
- Une réaction anxieuse systématique qui peut prendre la forme d’une attaque de panique face au stimulus phobogène
- La reconnaissance de la part de la personne du caractère irrationnel et excessif de cette peur
- La mise en place de stratégies afin d’éviter le stimulus phobogène
Les causes de la phobie spécifique
Au cours de l’évolution de l’Homme, la peur permettait d’éviter les situations ou les animaux dangereux (ex : peur des hauteurs, peur des serpents, peur du noir, etc.), et permettait ainsi une meilleure adaptation à son environnement parfois hostile. C’est probablement la raison pour laquelle nous avons un circuit de la peur particulièrement développé au sein de notre cerveau. Si l’explication évolutive permet de comprendre pourquoi les phobies les plus courantes se retrouvent dans toutes les cultures, de nombreux mécanismes cognitifs, comportementaux, et émotionnels permettent de comprendre pourquoi et comment se développe et se maintient une phobie chez un individu plutôt qu’un autre.
Les différents types de phobies spécifiques
De nombreux objets ou situations peuvent faire office de stimulus phobogène. Les phobies sont classées selon la nature de l’objet ou de la situation qui les déclenche. Différentes catégories sont ainsi reconnues :
- Le type animal : arachnophobie (peur des araignées), musophobie (peur des souris), cynophobie (peur des chiens), entomophobie (peur des insectes), apiphobie (peur des abeilles), …
- Le type environnement naturel : acrophobie (peur des hauteurs), astraphobie ou brontophobie (peur des orages), aquaphobie (peur de l’eau), …
- Le type sang/injection/accident : hématophobie (peur du sang), tryponophobie (peur des aiguilles et des injections), …
- Le type situationnel : claustrophobie (peur des endroits clos et confinés), agoraphobie (peur des lieux publics et de la foule), …
- Autres types : émétophobie (peur de vomir), nosophobie (peur de la maladie), éreutophobie (peur de rougir en public), phagophobie (peur de s’étouffer en mangeant), stomatophobie (peur du dentiste), …